Après avoir clairement défini votre public cible et ses besoins, décrivez comment vous allez l'atteindre par le biais du projet.
Nous nous concentrons sur des jeunes qui, en raison de divers facteurs défavorables, sont souvent laissés pour compte. Grâce à notre travail de proximité et de rue intensif, nous avons déjà établi une relation de confiance avec de très nombreux jeunes en situation de vulnérabilité sociale. Nos animateurs socio-éducatifs ont été et sont encore souvent confrontés à des jeunes à la recherche d'aide en matière de santé mentale. Cependant, nous avons constaté qu'il existe de nombreux obstacles aux soins de santé mentale (listes d'attente, difficultés financières, expériences négatives par le passé), de sorte que, souvent, nous n'avons pas réussi à orienter les jeunes en temps utile vers un spécialiste. C'est à partir de ce besoin que nous avons nous-mêmes lancé un projet pionnier : 'outreachende therapie' (thérapie de proximité).
Dans le cadre de notre projet de thérapie de proximité, nous donnons à des jeunes socialement vulnérables l'accès gratuit à une thérapie à bas seuil, fondée sur une relation de confiance déjà établie.
Le thérapeute de proximité est présent dans le cadre du travail avec les jeunes, dans les rues et sur les places, afin d'établir une relation avec les jeunes. S'il existe une demande en la matière, un projet de thérapie est lancé avec les jeunes. La thérapie elle-même peut également se dérouler sur le terrain : en se baladant, lors d'une visite domiciliaire ou dans le cadre d'une animation socio-éducative. En partant de la proximité et d'une relation de confiance, nous parvenons également à atteindre les jeunes qui ressentent les besoins les plus criants.
Quelle est votre vision de l'accès aux soins de santé à bas seuil pour le groupe cible de votre projet ?
Ce projet est né de l'observation (et de la frustration) que les jeunes n'ont pas suffisamment accès aux soins de santé mentale. Nous avons notamment identifié les seuils suivants :
- Sur rendez-vous : prendre un rendez-vous peut sembler une simple formalité pour beaucoup de gens, mais même ici, nous constatons déjà que certains jeunes décrochent.
-Raconter son histoire à différentes personnes : tout au long du processus, de l'entretien d'accueil à l'orientation et au démarrage de l'aide, un jeune doit souvent raconter son histoire à trois ou quatre personnes qu'il ne connaît pas.
-Attitude négative à l'égard de l'aide: En raison d'expériences antérieures plus négatives, les jeunes sont parfois réticents à accepter de l'aide.
Les signaux qu'ils émettent indiquent qu'ils ont besoin d'aide, mais qu'ils souhaitent simplement entrer en contact avec des personnes en qui ils ont confiance.
- Listes d'attente : Le temps d'attente moyen pour obtenir une aide dans le cadre de soins de santé mentale subventionnés est de 103 jours. Cette attente est extrêmement longue pour quelqu'un qui est au bout du rouleau, en particulier dans le cas d'enfants et de jeunes.
- Trop souvent, le bien-être mental reste un sujet tabou. Souvent, les jeunes sont choqués par ce qu'ils ressentent, mais ils ne peuvent ou ne veulent pas en parler. "Ça finira par passer", "Je ne suis pas malade ou fou après tout", "Je dois rester fort" sont des arguments que nous entendons fréquemment.
Quelle est la méthodologie utilisée pour atteindre le groupe cible et dans quelle mesure est-elle préventive et/ou curative ?
Avant toute chose, nous veillons à ce que les jeunes de Lokeren disposent d'un point de contact pour des problèmes mentaux, qui soit proche d'eux et qui les aidera ensuite directement. Nous mettons fortement l'accent sur la proximité et la création d'une relation de confiance. Pour ce faire, nous menons un travail de proximité approfondi, afin d'atteindre ainsi les groupes cibles les plus vulnérables. Nous allons chercher les jeunes là où ils se trouvent et, à partir de là, nous prenons le temps d'établir une relation. Un grand avantage est que nous travaillons à partir d'un centre d'animation socio-éducative où de nombreux jeunes viennent de toute façon, et où ils viennent parce qu'ils aiment être là.
Le 'outreachende therapeut' (thérapeute de proximité) est un projet pilote et unique en Flandre. La méthode consiste en une forme hybride combinant le travail avec les jeunes et la thérapie. Le thérapeute est également présent à la maison des jeunes, sur le terrain, dans la rue avec le travailleur de rue, lors d'activités, etc. afin d'apprendre à connaître les jeunes. Nous constatons que ce groupe cible accepte beaucoup plus facilement l'aide d'une personne qu'il connaît déjà un peu. La thérapie proprement dite est également "de proximité" : elle se déroule dans un endroit où le jeune se sent en sécurité : lors d'une balade, d'une visite domiciliaire, dans un parc.
Décrivez comment l'approche du groupe cible garantit que les nouveaux bénéficiaires potentiels pourront profiter de soins de santé facilement accessibles.
Nous avons décrit plus haut que nous faisons du travail de proximité. Par conséquent, nous n'atteignons pas seulement des enfants et des jeunes qui s'adressent à nous, mais également un grand nombre de jeunes vulnérables qui ne s'adressent souvent pas aux organismes d'aide et qui sont régulièrement décrits comme des 'groupes cibles difficiles à atteindre'. Nos nombreuses années d'expérience en matière de travail de rue et de proximité nous permettent d'avoir également accès à ces groupes et d'entrer en contact avec de nouvelles personnes en permanence. C'est ainsi que nous les aidons à garantir leur droit à des soins de santé (mentale) accessibles.
En nous concentrant sur l'établissement d'une relation de confiance, nous obtenons de très bons résultats avec des jeunes qui ont développé une attitude négative à l'égard de l'assistance (mentale) en raison de mauvaises expériences dans le passé. Ils sont parfois qualifiés de 'refuseurs de soins', ce qui s'explique souvent par le fait que leur confiance dans les organismes de soins a été ébranlée. Ces personnes sont généralement favorables à démarrer un parcours avec notre thérapeute de proximité parce qu'elles le connaissent déjà un peu dans un autre contexte et qu'il existe une confiance de base.
Nous envoyons également des signaux aux politiques et aux organisations pour ainsi contribuer à réduire les obstacles à l'accès à l'offre générale.
Quels sont les résultats obtenus ou attendus et comment sont-ils mesurés (indicateurs quantitatifs et qualitatifs) ?
D'un point de vue quantitatif :
- Il y a en moyenne 6 jeunes par semaine qui viennent en thérapie.
- heures de contact : le thérapeute de proximité est présent dans le milieu de vie et les lieux de rencontre de jeunes pendant au moins 10 heures par semaine
- Des activités de groupe mensuelles sont organisées afin de rendre les jeunes plus résilients et de réduire les tabous autour du bien-être mental : 200 jeunes par an sont ainsi atteints.
D'un point de vue qualitatif :
- Chaque année, trois histoires sont écrites qui rendent l'impact et l'importance tangibles pour les jeunes.
- Nous organisons un sondage auprès des partenaires impliqués dans le projet (entre autres CAW, les centres de santé mentale, Hagewinde, asbl LIA, service Société).
Comment le projet s'inscrit-il dans une stratégie à long terme et qu'est-ce qui garantit que l'approche puisse être transférée à d'autres contextes et/ou échelles ?
- Des communications sont adressées aux politiques et aux organisations concernées pour réduire à terme les obstacles existants aux soins de santé mentale.
- Nous constatons que la méthodologie que nous utilisons suscite beaucoup d'intérêt de la part d'autres organisations : les organisations de jeunesse, les centres de santé mentale, les travailleurs de rue, les villes et les communes. Dans ce contexte, nous proposons également des formations à d'autres professionnels afin de les inspirer et de contribuer à améliorer l'accès aux soins de santé mentale. Nous espérons que des projets similaires verront le jour à d'autres endroits.
- Une grande attention est accordée à l'attitude de base du travailleur et au fait de travailler dans un climat de confiance. Cette méthode de travail peut s'appliquer à toutes les formes d'assistance et constitue souvent un complément nécessaire à l'offre traditionnelle, afin que même les personnes les plus vulnérables puissent faire valoir leurs droits.
De quelle manière les différences entre les sexes sont-elles prises en compte dans la méthodologie appliquée et les actions menées ?
Il n'y a aucune différence significative entre l'approche des hommes et celle des femmes dans notre méthode.
La principale différence réside dans le fait que les points de repère pour les hommes et les femmes sont généralement différents. Par exemple, la thérapeute de proximité assiste régulièrement aux activités pour filles de "Diversa".